Le Compendium
        Albert Balasse

Appareils d'induction à usage médical A. Gaiffe, (moyen et petit modèles de poche n°170 et 172)

Dans la deuxième partie du 19ème siècle, de nombreux appareils d'induction sont proposés pour un usage médical. En même temps, des traités et guides pratiques d'électrothérapie sont édités. La décharge électrique à haute tension produite par la bobine d'induction du type Ruhmkorff est devenue incontournable pour guérir la plupart des maux. Les premiers appareils réellement portatifs sont proposés par Ruhmkorff, Trouvé et Gaiffe à partir des années 1860. Les coffrets renfermant le matériel sont de belle facture et très complets : ils sont utilisés par des praticiens convaincus des bienfaits que l'on peut, dans certains cas, tirer de l'électricité, mais également par les adeptes d'une "médecine" parallèle, beaucoup moins sérieuse, prônant le recours systématique à l'électrisation du patient... 

Les appareils d'électrothérapie "de poche", proposés par A. GAIFFE.
Le petit modèle (réf 170) à gauche ; le moyen modèle (réf. 171 et 172) au fond et le grand modèle (réf 173) au premier plan.

Dans son CATALOGUE DESCRIPTIF DU MATÉRIEL D'ÉLECTROTHÉRAPIE CONSTRUIT PAR A. GAIFFE, la maison GAIFFE & FILS propose, en 1889, quatre appareils autonomes. Les coffrets diffèrent par leurs dimensions ainsi que par le nombre et la finition des accessoires qu'ils renferment. Le moyen modèle, au second plan de notre photographie, est proposé sous deux références  ce qui explique la présence des deux coffrets d'aspect extérieur identique placés l'un sur l'autre. Pour 25 francs de 1889, il est possible d'acquérir le moyen modèle qui renferme des organes et excitateurs en cuivre (réf. 171) et il faut compter 5 francs de plus pour une finition nickelée (réf. 172). Le petit modèle, à gauche, qui comprend uniquement une paire de porte-éponge en cuivre, les manches en bois et les deux cordons de connexion coûte 18 francs tandis que le grand modèle, très complet et que nous présentons sur une autre page, vaut 45 francs. Nous sommes en 1889...

Appareil d'induction volta faradique A. Gaiffe, moyen modèle

Appareil d'Induction volta faradique A. GAIFFE à Paris - n° 39530 - Dimensions : 19 x 9,5 x 4,5 cm ("moyen modèle réf.171")

Dans son EXPOSÉ DES APPLICATIONS DE L'ÉLECTRICITÉ (édition de 1873), Th. du MONCEL décrit l'appareil :

"Cet appareil est le premier appareil électro-médical d'un transport facile qui ait été construit. Les dimensions de la bobine ne dépassent pas 54 millimètres en longueur et 22 en diamètre, et pourtant les effets qu'elle produit sont excessivement énergiques avec la pile également microscopique au bisulfate de mercure que nous avons décrite, page 268, tome I. Le fil qui constituel'hélice inductrice n'a guère qu'un demi-millimètre de diamètre, et sa longueur n'est que de 20 mètres. Mais en revanche, le fil induit, qui est du n° 32 (1 dixième 1/2 de millimètres), a 150 mètres de longueur. Le noyau de fer est constitué lui-même par un faisceau de fils de fer chacun de la grosseur d'un crin.

L'appareil fournit, comme la plupart des appareils électro-médicaux, les deux courants appelés par M. Duchenne courants de premier et de second ordre, et qui ne sont autres que l'extra-courant et le courant induit ; mais comme les premiers appareils américains, il additionne en outre les deux courants, et, chose assez particulière, cette réunion des deux courants donne les effets les plus énergiques (...)."

Les coffrets à usage médical proposés par la société A. GAIFFE renferment une pile constituée par 2 ou 3 couples de Marié-Davy modifiés pour réduire leur volume.

Pile type Marié-Davy, transformée par Gaiffe

EXPOSÉ DES APPLICATIONS DE L'ÉLECTRICITÉ
par le Cte Th. du Moncel - Paris - 1872

La pile, ici, comprend 2 éléments. Elle utilise, comme électrolyte, du sulfate de mercure II ou sulfate mercurique (on parlait, autrefois, de sulfate de bioxyde de mercure) dont la solution est formée dans une auge en gutta-percha ou en ébonite divisée en deux ou trois compartiments. Les électrodes sont constituées par des plaquettes de carbone recouvrant le fond de chaque compartiment et des plaquettes de zinc qui forment couvercles. La jonction entre les compartiments et avec l'extérieur de l'auge est réalisée par des fils en platine. 

Dans le coffret de l'appareil, la réserve de sulfate de mercure est contenue dans un tube de verre (avec la marque "A. GAIFFE A PARIS", moulée à l'envers ...). Une petite spatule permet de doser la quantité nécessaire que l'on place dans l'auge avant de recouvrir d'eau puis de positionner les électrodes en zinc.

Le courant électrique est transmis au patient par contact.  Le praticien utilise des excitateurs ou électrodes de différentes formes. Ici, une électrodes olivaire et un pinceau métallique (les deux sont en cuivre) sont reliés à la bobine d'induction par l'intermédiaire de cordons métalliques particulièrement souples et "recouverts de soie fantaisie". Dans la littérature scientifique du XIXe siècle, le terme "rhéophore" (quelquefois réophore) semble le plus souvent s'appliquer à ces cordons. Toutefois, certains auteurs l'utilisent pour nommer l'élément qui est en contact avec la peau, donc l'excitateur. On remarque le graduateur qui, actuellement, ressort en partie de la paroi latérale du coffret. Il s'agit d'un tube qui entoure le noyeau de fer doux de la bobine et qui, en recouvrant plus ou moins ce noyau, diminue ou augmente l'intensité du courant induit.

Appareil d'induction volta faradique A. Gaiffe petit modèle

                                                  Appareil "petit modèle" réf. 170  - 16,5 x 10 x 4 cm  - n°174669

Le petit modèle n° 170, est également proposé avec une pile au sulfate de mercure II et un tube de ce produit pour la charge. La dotation en accessoires est limitée à une paire de cordons de 80 cm, une paire de manches et de manipules porte-éponge en cuivre.

Notre coffret a été complété, peut-être par son propriétaire initial, par un excitateur olivaire et un pinceau métallique que l'on peut voir dans le coffret central réservé aux accessoires.

Cette facture de 1907 est celle d'un coffret identique vendu à un médecin. Le prix catalogue est alors de 18 francs, qui, après application de la hausse puis d'une réduction et enfin des frais d'envoi, ne font plus que 17,85 francs...

G. GAIFFE est le fils et premier successeur de A. GAIFFE

Les excitateurs le plus couramment rencontrés dans les coffrets d'électrothérapie sont, de gauche à droite, l'excitateur sphérique, les manipules porte-éponge la première étant présentée emmanchée, le bouton excitateur en charbon recouvert de peau de chamois, le pinceau métallique et l'excitateur olivaire. A droite sont posés le deuxième manche isolant et la deuxième manipule ...

Dans son ouvrage NOTIONS D'ÉLECTRICITÉ (5e édition de 1888) , J. BAILLE évoque les premières expériences qui ont conduit à la découverte de la pile puis des études réalisées sur les effets physiologiques de l'électricité : un grand nombre de physiciens et de médecins ont mené des travaux méthodiques et sérieux sur l'action de l'électricité sur le corps humain. Il poursuit ainsi :

"Quelques résultats assez nets ont été obtenus, et l'électricité est considérée maintenant comme un agent thérapeutique pouvant servir dans certaines conditions.
Mais il faut bien l'avouer, le charlatanisme s'est emparé de cette veine, et il s'est trouvé pendant longtemps des gens qui voulaient voir dans l'électricité une sorte de panacée universelle. Pour toutes les maladies, toutes les affections, de quelque nature qu'elles fussent, on se faisait électriser ; aujourd'hui encore, à chaque instant apparaissent des inventions de ce genre. Ici on proclame des chaines galvaniques, là des bagues électriques, plus loin des buses galvaniques, des ceintures, des brosses, des cravates, des sachets, doués des plus merveilleuses propriétés. Ce sont là des prétentions exagérées. Mais de ce que l'électricité ne peut devenir un remède universel, il ne faut pas conclure qu'elle ne soit pas propre à soulager et même à guérir certains maux. (...)
Lorsqu'on veut appliquer les courants électriques, il faut agir prudemment, examiner le tempérament du malade, et juger si le mal résultant de ce remède énergique ne sera pas plus redoutable que le mal actuel. On doit choisir ensuite le genre de courants qu'on emploiera, car tous les courants n'ont pas exactement les mêmes propriétés, et, surtout, on doit graduer l'action et en augmenter peu à peu l'énergie. Généralement on fait usage des courants induits, à cause de leur facile réglementation.

En 1860, A. Becquerel évoque, dans son TRAITÉ DES APPLICATIONS DE L'ÉLECTRICITÉ À LA THÉRAPEUTIQUE MÉDICALE ET CHIRURGICALE, les bains électriques dont il a introduit l'usage à l'hôpital de la Pitié. L'électricité était fournie par une machine de Clarke ou une bobine d'induction. Nous avons illustré les propos du médecin et physicien Français par une gravure sur bois illustrant ses pratiques et issue des NOTIONS D'ÉLECTRICITÉ de J. BAILLE.

La vignette qui suit conduit à la page du Compendium relative au coffret d'électrothérapie Gaiffe grand modèle n° 173. Il suffit de cliquer sur la vignette pour entrer directement sur la page. D'autres appareils d'induction à usage médical sont indiqués sur la page thématique "ÉLECTRICITÉ".

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