Le Compendium
      Albert Balasse

Appareil d'électrothérapie
à "rayons violets"

La mallette d'électrothérapie HOLO-ELECTRON et la notice d'utilisation - Vers 1935

L'appareil à haute fréquence avec son cordon d'alimentation et le manche porte-électrode à gauche.

La XIXe siècle a vu se développer les recherches sur les effets physiologiques de l'électricité qui ont conduit, en France, à l'électrothérapie à laquelle se rattachent les travaux de Becquerel, Tripier, Duchesne de Boulogne et Charcot. C'est la grande époque des coffrets électro-médicaux sortis des ateliers de Ruhmkorff, de Gaiffe, de Trouvé ou même de Chardin, et dont on peut voir quelques exemplaires dans le Compendium. Ces appareils utilisent le courant induit produit par une machine magnéto-électrique du type Clarke ou par une bobine du type Ruhmkorff. Avec l'appareil Holo-Electron, nous sommes dans la première partie du XXe siècle : les "rayons violets" qui sont utilisés sont présentés comme dérivés des travaux de d'Arsonval sur l'électrothérapie par les courants à haute fréquence.  Pour sa fabrication, la bakélite et le bois gainé de papier ont remplacé l'acajou et le laiton. Les électrodes en verre à gaz raréfié sont le siège d'effluves de couleur violette lorsqu'on les soumet au courant à haute fréquence. Et pour les constructeurs, ces "rayons violets" sont à l'origine des effets ressentis par les patients : chaleur et picotements. Tous les appareils électro-médicaux, les uns comme les autres, ont été la proie de charlatans...

Notre appareil est doté de neuf électrodes dont  six peuvent être maintenues dans le couvercle de la mallette.

"Comment s'effectue le maniement des appareils de haute fréquence "HOLO-ÉLECTRON"
(dessin et texte tirés de la brochure accompagnant l'appareil)

Un potentiomètre permet de choisir la puissance du courant, faible, moyen ou fort. D'autres modèles possèdent un réglage supplémentaire, le "RUPTOR", permettant de programmer la durée du traitement.

"Electrode pour grandes surfaces, notamment pour le traitement de l'estomac et des grandes parties du corps"

"Electrode pour revivifier le cuir chevelu, empêcher la chute des cheveux, arrêter la formation des pellicules"

"Electrode gutturale pour la gorge, la nuque et les membres"

"Electrode pour massage facial, au néon"

Nous avons photographié, en fonctionnement, quatre électrodes accompagnant l'appareil. Sur cinq pages de la notice, plus de cinquante autres sont proposées, chacune d'elles étant destinée à un traitement précis.

Une partie de la listes des électrodes disponibles.

Eléments tirés de la notice d'utilisation de l'appareil Holo-Electron

Dans la notice sont recensées les affections ou maladies susceptibles de bénéficier de l'application des rayons violets: Il semble que peu de maux puissent leur résister, qu'il s'agisse des maladies de l'appareil locomoteur, de celles du cerveau et des nerfs ou que l'on rencontre en oto-rhino-laryngologie, des maladies du tube digestif, du métabolisme, des organes respiratoires et de la circulation, des maladies des voies génito-urinaires, des problèmes gynécologiques ou dentaires, des affections de la peau et des cheveux ainsi que des maladies des yeux... Sans oublier les bienfaits qu'ils procurent dans les soins de beauté.

Ainsi, les rayons violets s'appliquent à l'hystérie, au hoquet et à la chute des cheveux en passant par les hémorroïdes et les palpitations cardiaques, ainsi qu'à bien d'autres maux.

Quand à leur efficacité, c'est une autre histoire. On peut rester réservé quant à l'étendue des pouvoirs de ces "rayons violets" même si la notice qui accompagne l'appareil présente une attestation positive du docteur d'Arsonval.

Deux petites précisions :

Le label " UNIS FRANCE" de l'Union Nationale Inter Syndicale a été créée à la fin de l'année 1915 à l'initiative de la Chambre de Commerce de Paris. Apposé sur notre appareil, il certifie que non seulement celui-ci a été fabriqué en France mais encore par une entreprise intégralement française, hors de tout contôle étranger. De part et d'autre de ce sigle, le nombre 66 correspond au constructeur. Ce label a été utilisé jusqu'à la fin de la deuxième guerre mondiale.

La notice évoque un "bouchon spécial" livré sur demande et pouvant, en absence de prise de courant classique, s'adapter à une douille de lampe. Cet accessoire, muni d'un côté d'un culot à baïonnettes destiné à prendre la place de celui de l'ampoule et de l'autre côté de deux bornes de diamètre et écartement classiques, permettait de brancher une fiche ordinaire. En porcelaine, en buis comme notre exemplaire ou en bakélite, on l'appelait "prise voleuse" car elle permettait de brancher des appareils sur les douilles destinées normalement à alimenter les ampoules d'éclairage. Ces prises voleuses étaient la hantise des hôteliers...

La prise voleuse est retirée, le verre-tulipe et l'ampoule sont remis en place : tout rentre dans l'ordre...

Merci à Julie-Sarah qui nous a confié la garde de la mallette...

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349 / 26 septembre 2019